Rencontre avec Stéphanie Lizy-Destrez, élue à l’Académie de l’Air et de l’Espace

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• À l’ISAE-SUPAERO, Stéphanie Lizy-Destrez dirige le SaCLaB, un laboratoire de recherche sur les systèmes spatiaux du futur.
• Professeure en ingénierie des systèmes spatiaux, elle vient d’être élue à l’Académie de l’Air et de l’Espace.
• Une reconnaissance par ses pairs d’une carrière aussi brillante qu’atypique au service d’une passion : l’exploration spatiale.

Dates clefs

1971 : naissance à Toulon (Var).
1995 : diplômée de Supaéro (S1995).
2008 : en poste chez Altran Technologies, fait partie de l’équipe d’ingénieurs qui opère le cargo Jules Verne, le premier ATV (Automated Transfer Vehicle).
2009 : rejoint l’ISAE-SUPAERO comme enseignante en ingénierie des systèmes spatiaux.
2015 : soutient sa thèse de doctorat sur « Optimisation des scénarios opérationnels pour les rotations d’équipage et le ravitaillement du cargo d’une station internationale au point de Lagrange L2 du système Terre-Lune » en double-diplôme ISAE-SUPAERO / Université de Stuttgart.
2017 : prend la tête du SaCLaB, un laboratoire de recherche sur les systèmes spatiaux avancés, dans le cadre d’une chaire de mécénat avec Airbus et ArianeGroup.
2022 : obtient son Habilitation à Diriger des Recherches, délivrée par l’Université de Toulouse sur « Rendez-vous spatial : de l’orbite terrestre à l’environnement cis-lunaire ».
2024 : élue Correspondante de l’Académie de l’Air et de l’Espace.

Stéphanie Lizy-Destrez décrit son parcours comme « atypique ». Pour autant, il possède une constante : une passion ardente pour l’espace.

Cette passion trouve un terreau fertile dans sa Provence natale, « où les étoiles filantes sont si brillantes ». Et l’Observatoire de Nice, objet d’un voyage scolaire à l’école élémentaire. À son retour, l’écolière n’a eu de cesse de s’interroger sur l’Univers… et de puiser sa soif de connaissances dans les livres. « Il y avait un bibliobus qui passait dans le village où j’habitais. J’empruntais tous les ouvrages relatifs à la science. J’ai été particulièrement marquée par une vie de Marie Curie racontée par sa fille. » C’est à cet instant qu’elle a pris sa décision : elle aussi sera scientifique. Mais dans le domaine du spatial.

Au cours de ses études secondaires, elle entend parler de Supaéro. L’École nationale supérieure de l’aéronautique et de l’espace, à Toulouse, devient alors son objectif. En prépa au lycée Thiers de Marseille, elle croise la route d’un professeur de mathématiques « exceptionnel » qui la conforte dans cette voie. Un professeur qui sera plus tard celui… d’Arnaud Prost, autre ancien élève de l’ISAE-SUPAERO et actuellement astronaute de réserve de l’ESA.

« Astronautes en jeans »

Stéphanie Lizy-Destrez décroche le concours de Supaéro en 1992 et obtient son diplôme d’ingénieure en 1995. Après des expériences dans l’ingénierie mécanique et automatique à Aerospatiale les Mureaux (aujourd’hui ArianeGroup) et Matra Marconi Space (aujourd’hui Airbus Defence and Space), elle entre chez Altran Technologies, où elle restera 13 ans.

Une expérience la marque particulièrement : « En 2008, j’ai fait partie de l’équipe d’ingénieurs véhicule en charge de développer et de piloter le premier ATV, un vaisseau cargo spatial développé par l’ESA pour ravitailler l’ISS. On nous appelait « les astronautes en jeans » ! J’ai piloté le premier ATV depuis le CNES à Toulouse. C’était fantastique. J’avais cinq écrans devant moi et je devais rester concentrée pendant que les bouteilles de champagne s’ouvraient autour de moi ! »

La même année, elle postule pour la sélection des astronautes de l’ESA au cours de laquelle sera retenu un autre alumni de Supaéro, Thomas Pesquet. Le destin l’appelle ailleurs : « Mon ancienne professeure à Supaéro, Bénédicte Escudier, m’a contactée pour un poste d’enseignement en Ingénierie des systèmes à l’ISAE-SUPAERO. Je me suis dit : pourquoi pas ? »

Du rendez-vous spatial aux systèmes spatiaux avancés

Dans ses nouvelles fonctions, elle se découvre une passion pour la pédagogie et plus particulièrement pour l’accompagnement des étudiants. Elle y trouve « le côté humain qui [lui] manquait quand j’étais ingénieure ». En parallèle, elle débute une thèse de doctorat autour du rendez-vous spatial – lorsque deux véhicules réduisent leur distance pour n’en faire qu’un – en double-diplôme ISAE-SUPAERO et université de Stuttgart. « C’était intéressant pour moi de découvrir la théorie après avoir traité ce sujet de manière opérationnelle en tant qu’ingénieure. » Après sa soutenance de thèse en 2015, elle se met à encadrer des doctorants et des post-doctorants. Elle devient aussi responsable du Mastère Spécialisé® TAS Astro.

Ses collaborateurs décrivent une enseignante et une professeure très présente et à l’écoute. « Elle est très accueillante et malgré un emploi du temps chargé, elle trouve toujours du temps pour ses élèves et pour ses collaborateurs », note Spencer Boone, post-doctorant en mécanique spatiale. « Après la Covid, je peinais à trouver un stage. Elle m’a ouvert les portes de son labo et nous avons construit mon sujet de stage ensemble », souligne pour sa part Augustin Gallois, aujourd’hui doctorant sous sa supervision. Enseignant-chercheur en contrôle de systèmes spatiaux au sein de son laboratoire, Francesco Sanfedino se souvient de ses années d’élève-ingénieur à l’ISAE-SUPAERO : « Stéphanie nous a offert la belle opportunité de travailler sur un projet de recherche autour d’un CubeSat. À l’époque, on ne connaissait rien à l’environnement de recherche, mais notre article a été sélectionné à une conférence internationale. Elle nous a ouvert des portes, à mon binôme et à moi. »

Recherche du futur et sujets peu explorés

En 2017, dans le cadre d’une chaire de mécénat avec Airbus et ArianeGroup, Stéphanie Lizy-Destrez prend la tête du SaCLaB (Space Advanced Concepts Laboratory), « un laboratoire de recherche sur les systèmes spatiaux avancés, à l’image de ce qui se fait dans les grandes universités américaines ». Le laboratoire s’intéresse aux systèmes orbitaux, aux transports spatiaux du futur et à l’exploration spatiale robotique et habitée dans un futur supérieur à 15 ans (lire encadré ci-dessous).

Le SaCLaB
L’équipe du SaCLaB autour de Stéphanie Lizy-Destrez.

L’équipe travaille « pour de grands programmes internationaux et nos recherches sont financées par des structures comme l’ESA, le CNES, et des groupes comme ADS et Thales », explique Stéphanie Lizy-Destrez. Mais aussi, sur des thématiques peu abordées. « Stéphanie est une des rares spécialistes en mécanique spatiale en France », souligne Spencer Boone. Augustin Gallois, dont le sujet de thèse concerne l’éco-conception d’un habitat lunaire, rapporte « l’opportunité de pouvoir étudier de nombreux aspects d’un sujet peu exploré. »

Chevalier des palmes académiques et active dans plusieurs sociétés savantes, Stéphanie Lizy-Destrez a été élue fin mai Correspondante à l’Académie de l’Air et de l’Espace, qui siège à Toulouse. Elle y rejoint deux autres professeurs en activité à l’ISAE-SUPAERO, Yves Gourinat (nommé membre titulaire) et Frédéric Dehais (correspondant). Une reconnaissance de plus pour cette passionnée à qui il ne manque plus qu’une expérience pour être comblée : voyager dans l’espace. « J’ai retenté ma chance lors de la sélection des astronautes de l’ESA en 2022. Je suis allée jusqu’aux tests psychotechniques… Mais je ne désespère pas. Je trouverai un moyen ! »

L’équipe Conception des systèmes spatiaux (SaCLaB)

Rattachée au département de recherche Conception et conduite des véhicules aéronautiques et spatiaux (DCAS), l’équipe Conception des systèmes spatiaux est forte de cinq titulaires (Stéphanie Lizy-Destrez, Annafederica Urbano, Joan Pau Sanchez-Cuartielles, Thibault Gateau et Francesco Sanfedino), trois post-doctorants et quinze doctorants, autour desquels gravitent une soixantaine d’étudiants pour des projets de recherche.

Ses principaux axes de recherche sont : le in-orbit servicing ou entretien en orbite (rendez-vous spatiaux, optimisation des trajectoires, quantification et propagation des incertitudes) ; la surveillance et la réduction des débris spatiaux, en particulier dans les environnements cislunaires ; le transport spatial avancé (véhicules de lancement réutilisables, propulsion spatiale, ravitaillement en carburant dans l’espace et stockage du carburant) ; l’exploration robotique et humaine de l’espace (optimisation des trajectoires interplanétaires vers la Lune, Mars, Phobos, Encelade et astéroïdes) ; l’IA pour l’autonomie et les systèmes distribués ; l’éco-conception des bases lunaires ; la caractérisation de l’impact de l’isolement et du confinement sur les performances de l’équipage.

L’impact environnemental et sociétal des missions spatiales est une thématique transverse à l’ensemble des projets de recherche.

L’Académie de l’Air et de l’Espace

Elle siège à Toulouse et est composée de membres et de correspondants français et étrangers qui exercent, ou ont exercé, des responsabilités importantes dans leurs domaines respectifs liés à l’aéronautique et à l’espace. Ils constituent un vivier de connaissance unique en Europe visant à favoriser et à promouvoir le développement d’activités scientifiques, techniques, culturelles et humaines de haute qualité dans les domaines de l’Air et de l’Espace. Les correspondants assurent la liaison entre l’Académie et les activités aérospatiales nationales et internationales.

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